Jack Kerouac: un américano-canadien-français. Mais en quoi donc est-il un démocrato-cornoualo-bretono-aristo-iroquo?
Son père, Émile Kérouac, un Canadien français: /«imprimeur à Lowell, (puis typographe à Brooklyn, New York où la famille s'est installée) grand buveur et joueur de cartes.»/* C’est son versant canadien-français, la «fâmeuse» joie de vivre. Émile mourra obèse, aigri, d’un cancer de la rate, en 1946. Son versant américain s’exprime dans ce conseil donné à Jack: /«Now study, play good ball, attention to what the coach and the profs tell you and see if you can make your old man proud and maybe an All-America.»/ Mais Jack, vedette du football collégial américain, se fracture une jambe, et s’envole le rêve du père qui aurait aimé que son fils devienne un américain estimé, alors que lui n’avait été qu’un Canuck. Il lui disait: «Ti-Jean, n'oublie jamais que tu es breton (...)»
Sa mère, Gabrielle Lévesque : ouvrière en usine, à petits salaires. C’est elle qui pourvoit aux besoins de sa famille. Mère généreuse, aimante et protectrice, compréhensive. Qui espère le retour de son Ti-Jean et l’accueille à bras ouverts. Qui le soutient indéfectiblement. Il y avait une grande complicité entre elle et Jack, qui exapérait le père. Elle est une Canadienne française, Iroquoise. Jack sera fier de sa mère de sang mêlé qu’il appelle mémère –ce qui est bien canadien-français- avec une tendresse infinie.
The Town and The City: le premier roman que Jack publie, en 1950. D'un côté le vieux Lowell Canuk -l'ancien monde; de l'autre, la ville typiquement américaine -le nouveau monde. Les parents immigrants, puis migrants: doublement déracinés. Son père tient une grande place dans ce roman. Celui-ci «nous plonge dans le mystère de l'extase et de l'agonie d'être Franco-Américain à cette époque (...)»**, soit les années 1920 jusqu'à 1930. «Il a fallu attendre Visions of Gerard pour lire le récit de l'émigration de ses ancêtres descendant du Québec vers les États-Unis.»*** Après avoir livré la première partie de sa vie et celle de sa famille, quitte à y revenir, Jack Kerouac sera prêt à partir sur la route. On the Road... Le titre que Daniel Poliquin a donné à ce livre qu'il a traduit soit, Avant la route, correspond bien à ce momentum.
Jack se dit un cornoualo-bretono. En effet, l’ancêtre Kérouac est venu de Cornouaille, en Bretagne, pour s’établir dans le Bas-du-fleuve. Lisons ce qu’en dit l’oncle Mike, d'une voix éraillée, à Ti-Jean: /«Napoléon était un homme grand. Aussie le général Montcalm à Québec tambien qu’il a perdu. Ton ancêtre, l’honorable soldat, baron Louis Alexandre Lebris de Duluoz, un grand-père, a marriez l’indienne, retourna en Bretagne, le père là, le vieux baron, a dit, en criant, à pleine tète:« retourne-toi à cette femme, soit un homme honnete et d’honneur. » Le jeune baron a retourné au Canada, à la rivière du Loup (…) Cette femme là était une indienne (…)»/
À la fin de sa vie, Jack boucle la boucle et se met en quête de ses origines européennes. Ce sera le sujet de deux de ses livres: Satori in Paris -avec son magistral «ciboire»- et, surtout, Vanity og Duluoz. The Town and the City, son premier roman, porte sur ses racines américaines, canadiennes-françaises et iroquoises. Le dernier Vanity of Duluoz porte sur ses racines bretonnes, plus lointaines. Tels sont les deux pôles de son identité, avec Visions of Gerard.
Jack Kerouac est donc un aristo, vu son ascendance. Un démocrato, car il est un partisan du parti démocrate, du président Truman qui succède à Roosevelt. Lire la suite dans le prochain billet... À très bientôt!
___* Les citations encadrées de barres obliques renvoient à l'essai Jack Kérouac, de Victor-Lévy Beaulieu, qui nous sert de guide.
___** Le poète-historien Paul Chassé cité in «Avant la route, le village» par Maurice Poteet, publié sur erudit.org
___*** Jack Kerouac: une conscience de la mort, par Guy Perreault, publié sur erudit.org
Sa mère, Gabrielle Lévesque : ouvrière en usine, à petits salaires. C’est elle qui pourvoit aux besoins de sa famille. Mère généreuse, aimante et protectrice, compréhensive. Qui espère le retour de son Ti-Jean et l’accueille à bras ouverts. Qui le soutient indéfectiblement. Il y avait une grande complicité entre elle et Jack, qui exapérait le père. Elle est une Canadienne française, Iroquoise. Jack sera fier de sa mère de sang mêlé qu’il appelle mémère –ce qui est bien canadien-français- avec une tendresse infinie.
The Town and The City: le premier roman que Jack publie, en 1950. D'un côté le vieux Lowell Canuk -l'ancien monde; de l'autre, la ville typiquement américaine -le nouveau monde. Les parents immigrants, puis migrants: doublement déracinés. Son père tient une grande place dans ce roman. Celui-ci «nous plonge dans le mystère de l'extase et de l'agonie d'être Franco-Américain à cette époque (...)»**, soit les années 1920 jusqu'à 1930. «Il a fallu attendre Visions of Gerard pour lire le récit de l'émigration de ses ancêtres descendant du Québec vers les États-Unis.»*** Après avoir livré la première partie de sa vie et celle de sa famille, quitte à y revenir, Jack Kerouac sera prêt à partir sur la route. On the Road... Le titre que Daniel Poliquin a donné à ce livre qu'il a traduit soit, Avant la route, correspond bien à ce momentum.
Jack se dit un cornoualo-bretono. En effet, l’ancêtre Kérouac est venu de Cornouaille, en Bretagne, pour s’établir dans le Bas-du-fleuve. Lisons ce qu’en dit l’oncle Mike, d'une voix éraillée, à Ti-Jean: /«Napoléon était un homme grand. Aussie le général Montcalm à Québec tambien qu’il a perdu. Ton ancêtre, l’honorable soldat, baron Louis Alexandre Lebris de Duluoz, un grand-père, a marriez l’indienne, retourna en Bretagne, le père là, le vieux baron, a dit, en criant, à pleine tète:« retourne-toi à cette femme, soit un homme honnete et d’honneur. » Le jeune baron a retourné au Canada, à la rivière du Loup (…) Cette femme là était une indienne (…)»/
À la fin de sa vie, Jack boucle la boucle et se met en quête de ses origines européennes. Ce sera le sujet de deux de ses livres: Satori in Paris -avec son magistral «ciboire»- et, surtout, Vanity og Duluoz. The Town and the City, son premier roman, porte sur ses racines américaines, canadiennes-françaises et iroquoises. Le dernier Vanity of Duluoz porte sur ses racines bretonnes, plus lointaines. Tels sont les deux pôles de son identité, avec Visions of Gerard.
Jack Kerouac est donc un aristo, vu son ascendance. Un démocrato, car il est un partisan du parti démocrate, du président Truman qui succède à Roosevelt. Lire la suite dans le prochain billet... À très bientôt!
___* Les citations encadrées de barres obliques renvoient à l'essai Jack Kérouac, de Victor-Lévy Beaulieu, qui nous sert de guide.
___** Le poète-historien Paul Chassé cité in «Avant la route, le village» par Maurice Poteet, publié sur erudit.org
___*** Jack Kerouac: une conscience de la mort, par Guy Perreault, publié sur erudit.org
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