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jeudi 9 juillet 2009

Sur la route de Jack Kerouac / Dessin de Kerouac

Nous voilà au bout de notre route, cheveux en broussailles, vêtements fripés, semelles trouées. Avec un brin de tristesse? Comme Jack kerouac... Tout de même, roulons les derniers kilomètres en beauté: un dessin et deux vidéos. De quoi s'en mettre plein la vue! Trois billets en rafale.

Les extraits de chacun des chapitres de Sur la route sont accompagnés d'images. Pour le premier chapitre (extraits (1), j'ai choisi la photo de Neal Cassidy et Jack Kerouac, alias Dean Moriarty et Sal Paradise dans le roman. Les deux protagonistes: Neal, le héros et le vrai beat, et Jack, le témoin, celui qui raconte, le pape de la beat generation.
Pour les quatre autres chapitres, correspondant à autant d'extraits, un dessin avec une note manuscrite illisible. À moins que vous ayez des yeux de lynx... Par contre, la note agrandie, par mes bons soins et à l'aide -tout de même- de Nero PhotoSnap Viewer- devient (presque) lisible. Au cas où... j'ai transcrit la note.










Dans le coin gauche: 1952

Dans le coin droit: New York

Dear Mr. Wyn:
I submit this as my idea of an appealing commer-
cial cover expressive of the book. The cover for ''The Town and
the City'' was as dull as the title and the photo backflap.
Wilbur Pippin's photo of me is the perfect On the Road one...
if will look like the faceoof (sic) the figure below.
J.K.


Ci-haut: deux routes parallèles qui se rejoignent à New York.
Du côté gauche: Frisco... Denver... Chicago... New York
Du côté droit: LA... Texas... St-Louis... New York

Sur le dessin de la route: A modern Novel By John (non pas Jack...)

Sur la page complète, vous pouviez lire: Kerouac Kerouac... écrit de plus en plus gros. Et que porte John sous le bras droit? Un immense «flasque de boisson». Allez, bye! À demain.

mercredi 8 juillet 2009

Extraits de Sur la route de Jack Kerouac (5)

Nous terminons ici notre voyage... avec six extraits tirés de la cinquième, et dernière partie, de Sur la route avec Jack Kerouac, Éditions Gallimard, collection Folio Plus (p471-479). Une fin de roman triste et belle, tristement belle, et poétique.

01. À l'automne, je quittai moi-même Mexico (les papiers de divorce en main, Dean avait quitté Mexico) pour rentrer chez moi et, une nuit, juste au-delà du poste frontière de Laredo, à Dilley, dans le Texas, j'étais planté sur la route chaude au-dessous d'une lampe à arc où s'écrasaient les papillons quand j'entendis un bruit de pas au loin dans l'obscurité et voilà qu'un grand vieillard, avec des cheveux blancs qui lui t0mbaient dans le cou, passa en raclant les pieds avec un paquet sur le dos et, me voyant sur son chemin, il dit:«Cherche l'homme en gémissant», et il retourna en raclant les pieds à son obscurité. Est-ce que ceci signifiait que je devais, pour finir, continuer à pied mon pèlerinage sur les routes ténébreuses d'Amérique? Luttant contre la tentation, je rentrai en vitesse à New York (...). (p.474)
02. Ainsi la vie de Dean trouvait-elle son assiette avec son épouse la plus fidèle, la plus aigrie et la plus roublarde, Camille, et j'en remerciai Dieu pour lui. (p.477)
03. La dernière fois que je le vis ce fut dans des circonstances tristes et étranges. (...) Ils se rencontrèrent bien (Dean et Rémi Bonceur) mais Dean ne savait plus parler et il ne dit rien et Rémi lui tourna le dos (celui-ci refusa net qu'il les accompagne au) concert de Duke Ellington au Metropolitan Opera. (...) il m'aimait bien, mais il n'aimait pas mes imbéciles d'amis. (p.477)
04. (...) Dean, déguenillé dans son manteau mité qu'il avait spécialement emporté en prévision des températures glaciales de l'Est, s'en alla tout seul à pied et, au moment où je le vis, il tournait le coin de la Septième Avenue regardant la rue droit devant lui, et repartait à l'attaque. (p.478)
05. (...) Et on partit pour ce concert triste et déplaisant où j'allais à contrecoeur, et tout le temps, je pensais à Dean, je pensais qu'il avait repris le train et se tapait plus de trois mille miles à travers cet horrible pays et ne savait d'ailleurs pas pourquoi il était venu, sinon pour me voir. (p.479)
06. Ainsi donc, en Amérique, quand le soleil descend et que je suis assis près du fleuve sur le vieux quai démoli, contemplant au loin, très loin, le ciel au-dessus du New Jersey, et que je sens tout ce pays brut rouler en bloc son étonnante panse géante jusqu'à la côte Ouest et toute cette route qui y va, tous ces gens qui rêvent dans son immensité -- et, dans l'Iowa, je le sais, les enfants à présent doivent être en train de pleurer dans ce pays où on laisse les enfants pleurer, et cette nuit les étoiles seront en route et ne savez-vous pas que Dieu c'est le Grand Ours et l'homme-orchestre? et l'étoile du berger doit être en train de décliner et de répandre ses pâles rayons sur la prairie, elle qui vient juste avant la nuit complète qui bénit la terre, obscurcit tous les fleuves, décapite les pics et drape l'ultime rivage et personne, personne ne sait ce qui va arriver à qui que ce soit, n'étaient les mornes misères de l'âge qu'on prend-- alors je pense à Dean Moriarty, je pense même au vieux Dean Moriarty, le père que nous n'avons jamais trouvé, je pense à Dean Moriarty. (p.479).

samedi 4 juillet 2009

Extraits de Sur la route de Jack Kerouac (3)

Voici dix extraits tirés de la troisième partie du roman Sur la route, de Jack Kerouac, Éditions Gallimard, collection Folio Plus. (p. 279 à p. 384). Sur la route est un gros roman d'aventures, qui se lit bien. Une fois en main, on ne peut plus se lâcher, c'est lui qui nous tient et nous amène... Laissez-vous emporter...

01. Au printemps 1949, j'avais économisé quelques dollars sur ma bourse d'ancien G.I. et j'allai à Denver, avec l'idée d'aller me caser là-bas. Je m'imaginais au coeur de l'Amérique, en vrai patriarche. Je m'y retrouvai tout seul. Personne n'était là (...) (p.279)
02. Ou bien vous trouvez quelqu'un qui vous rappelle votre père dans des endroits comme Montana, ou vous cherchez le père d'un ami dans un lieu où il n'est plus. (p.280)
03. Un soir de lilas, je marchais, souffrant de tous mes muscles (...) dans le quartier noir de Denver, souhaitant être un nègre, avec le sentiment que ce qu'il y avait de mieux dans le monde blanc ne m'offrait pas assez d'extase, ni assez de vie, de joie, de frénésie, de ténèbres, de musique, pas assez de nuits. (...) J'avais envie d'être un Mexicain de Denver, ou même un pauvre Jap accablé de boulot, n'importe quoi sauf ce que j'étais si lugubrement, un «homme blanc» désabusé. J'avais eu toute ma vie des ambitions de blanc; c'était pour ça que j'avais abandonné une brave fille comme Terry dans la vallée de San Joaquin [Mexique] (p.280)
04. J'étais seulement moi-même, Sal Paradise, sinistre, rôdant dans l'ombre violette, dans cette nuit intolérable douce, souhaitant de pouvoir échanger tous les mondes contre le bonheur, la pureté de coeur, la nature extatique des nègres d'Amérique. (p.281)
05. Comme nous passions la frontière qui sépare le Colorado de l'Utah, je vis Dieu dans le ciel sous les espèces de vastes nuages dorés par le soleil qui surplombaient le désert et semblaient pointer un doigt vers moi et dire:«Passe par ici et va de l'avant, tu es sur le chemin du ciel.» (p.282)
06.Avant d'avoir pu m'en apercevoir, je contemplais une fois encore la fabuleuse cité de San Francisco qui se déployait sur la baie au coeur de la nuit. Je courus immédiatement chez Dean. (...) j'avais coupé tous les ponts et me foutais complètement de tout. (p. 283)
07. Mon arrivée prit plutôt l'allure insolite d'une apparition de l'ange maléfique au logis des blancs et purs agneaux (...) (p.284)
08. Il (Dean) me félicita affectueusement pour le livre que j'avais terminé et qui était maintenant accepté par les éditeurs. (p.290)
09. Je compris soudain que Dean, en vertu de la suite innombrable de ses péchés, était en passe de devenir l'Idiot, l'Imbécile, le Saint de la bande.
10. (...) nous (Sal et Dean) avions encore bien du chemin à faire. Mais qu'importait, la route, c'est la vie. (p.329).

mercredi 10 juin 2009

On the Road... again. La filière américaine (2)

Jack London publiait en 1907, The Road. Cinquante ans plus tard, en 1957, Jack Kerouac publiait On the Road, écrit entre 1948-1956. Ce titre même est un hommage à son prédécesseur, le «Pionnier de la Route». Il adoptera le même prénom, Jack. Son véritable prénom est Jean-Louis; pour sa mère, vers qui il reviendra sans cesse, il est et restera «Ti-Jean». Son patronyme est Kérouac, avec l’accent aigu…

Jack London avait rédigé un carnet de notes qui lui a servi pour The Road; c’est avec ce premier roman qu’il débute sa carrière littéraire, qu’il se découvre écrivain. Une carrière prolifique! Jack Kerouac, quant à lui, avait déjà publié un roman en 1950, The Town and the City -Avant la route- salué par la critique. Sa carrière était donc amorcée, et il savait depuis toujours, pour ainsi dire, qu’il serait un écrivain.
L’«armée» de chômeurs et de laissés-pour-compte du «général» Kelly , que London rejoignit , réclamait des routes… et du travail.

Kerouac, lui, errait sur les routes américaines dont la mythique 66 reliant Chicago à Los Angeles, se déplaçant en auto-stop, mais aussi montant à bord de wagons de marchandises comme London.
Les temps ont changé, mais la jeunesse reste éprise de liberté, et du désir de prendre le large. Inscrits dans la même filière américaine, les deux Jack sont des vagabonds, des marginaux des «tramps», des «bums». Tous deux racontent leur errance, leurs amitiés et rencontres, leurs émotions et réflexions. London met en scène Jack-the-Sailor, son double; et Kerouac, Dean Moriary, nul autre que Neal Cassidy, et Sal Paradise, son double. Le contenu de l’un est plutôt «soft», et celui de l’autre est plutôt «hard»-surtout, il va sans dire, le texte original, non épuré. London écrit en slang , dans un style parlé, spontané, familier, alors que Kerouac raconte, romance, dans un tempo jazz, en battant la mesure, dans un style personnel. Ce beat résonnera à l’oreille et au cœur de la génération d’après-guerre.

The Road touchera des millions de lecteurs. Il inspirera toute une jeunesse qui prendra la route, le livre sous le bras. C’est une œuvre majeure de la littérature américaine, d’une originalité sans pareille. Elle marquera toute une génération nommée la «Beat Generation». J’y reviendrai dans un autre billet.
Dans le prochain, ce sera Cormac McCarthy qui terminera la trilogie.