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samedi 4 juillet 2009

Extraits de Sur la route de Jack Kerouac (3)

Voici dix extraits tirés de la troisième partie du roman Sur la route, de Jack Kerouac, Éditions Gallimard, collection Folio Plus. (p. 279 à p. 384). Sur la route est un gros roman d'aventures, qui se lit bien. Une fois en main, on ne peut plus se lâcher, c'est lui qui nous tient et nous amène... Laissez-vous emporter...

01. Au printemps 1949, j'avais économisé quelques dollars sur ma bourse d'ancien G.I. et j'allai à Denver, avec l'idée d'aller me caser là-bas. Je m'imaginais au coeur de l'Amérique, en vrai patriarche. Je m'y retrouvai tout seul. Personne n'était là (...) (p.279)
02. Ou bien vous trouvez quelqu'un qui vous rappelle votre père dans des endroits comme Montana, ou vous cherchez le père d'un ami dans un lieu où il n'est plus. (p.280)
03. Un soir de lilas, je marchais, souffrant de tous mes muscles (...) dans le quartier noir de Denver, souhaitant être un nègre, avec le sentiment que ce qu'il y avait de mieux dans le monde blanc ne m'offrait pas assez d'extase, ni assez de vie, de joie, de frénésie, de ténèbres, de musique, pas assez de nuits. (...) J'avais envie d'être un Mexicain de Denver, ou même un pauvre Jap accablé de boulot, n'importe quoi sauf ce que j'étais si lugubrement, un «homme blanc» désabusé. J'avais eu toute ma vie des ambitions de blanc; c'était pour ça que j'avais abandonné une brave fille comme Terry dans la vallée de San Joaquin [Mexique] (p.280)
04. J'étais seulement moi-même, Sal Paradise, sinistre, rôdant dans l'ombre violette, dans cette nuit intolérable douce, souhaitant de pouvoir échanger tous les mondes contre le bonheur, la pureté de coeur, la nature extatique des nègres d'Amérique. (p.281)
05. Comme nous passions la frontière qui sépare le Colorado de l'Utah, je vis Dieu dans le ciel sous les espèces de vastes nuages dorés par le soleil qui surplombaient le désert et semblaient pointer un doigt vers moi et dire:«Passe par ici et va de l'avant, tu es sur le chemin du ciel.» (p.282)
06.Avant d'avoir pu m'en apercevoir, je contemplais une fois encore la fabuleuse cité de San Francisco qui se déployait sur la baie au coeur de la nuit. Je courus immédiatement chez Dean. (...) j'avais coupé tous les ponts et me foutais complètement de tout. (p. 283)
07. Mon arrivée prit plutôt l'allure insolite d'une apparition de l'ange maléfique au logis des blancs et purs agneaux (...) (p.284)
08. Il (Dean) me félicita affectueusement pour le livre que j'avais terminé et qui était maintenant accepté par les éditeurs. (p.290)
09. Je compris soudain que Dean, en vertu de la suite innombrable de ses péchés, était en passe de devenir l'Idiot, l'Imbécile, le Saint de la bande.
10. (...) nous (Sal et Dean) avions encore bien du chemin à faire. Mais qu'importait, la route, c'est la vie. (p.329).