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jeudi 2 juillet 2009

Extraits de Sur la route de Jack Kerouac (2)

Aujourd'hui, je vous présente quatorze extraits tirés de la deuxième partie du roman, Sur la route de Jack Kerouac, Édition Gallimard, collection Folio Plus. (p.167 à p.275). J'espère, grandement, que vous apprécierez mon travail. Et, surtout, que cette lecture vous conduira au livre.

01. Les gens du Sud n'aiment le moins du monde les cinglés, ni le genre de Dean. Il sne faisaient absolument pas attention à eux. La folie de Dean s'était épanouie en fleur surnaturelle. (p.174)
02. J'avais passé un Noël paisible à la campagne, comme je pus en juger quand on revint à la maison et que je vis l'arbre de Noël, les cadeaux, et que je humai la dinde rôtie et entendis les conversations des parents, mais maintenant la mouche m'avait piqué de nouveau et le nom de la mouche c'était Dean Moriarty et j'étais bon pour un nouveau galop sur la route. (p.177)
03. «J'avais envie de me marier avec une fille, leur dis-je (à Dean et Marylou), afin de pouvoir reposer mon âme en sa compagnie jusqu'à ce qu'on soit vieux tous les deux. Ça ne peut pas durer toujours, toutes ces frénésies et ces galopades. Il faut aller quelque part, trouver quelque chose. (p. 180)
04. Naturellement, maintenant que je reviens sur cette énigme (un rêve) il s'agit simplement de la mort: la mort qui nous rejoindra avant le paradis. La seule chose après laquelle nous languissons au cours de notre existence, qui nous fait soupirer, et gémir et souffrir toutes sortes de doucereuses nausées, c'est le souvenir de quelque félicité perdue que l'on a sans doute éprouvée dans le sein maternel et qui ne saurait se reproduire (mais nous nous refusons à l'admettre) que dans la mort. Mais qui souhaite mourir? (...) J'en fis part à Dean et il y reconnut aussitôt le pur et simple désir de la mort pour elle-même; mais puisque aucun de nous ne ressuscite jamais, lui, à juste titre, ne voulait pas avoir affaire à elle, et je me rangeai à son opinion. (p.192)
05. C'étaient trois enfants (Dean, Marylou et lui) dans la nuit de la terre qui voulaient affirmer leur liberté et les siècles passés, de tout leur poids, les écrasaient dans les ténèbres. (p. 203)
06. (...) tandis que le fleuve (Mississippi) roulait ses flots sous les étoiles depuis le coeur de l'Amérique, je savais, je savais à la folie que tout ce que j'avais connu et connaîtrais jamais était Un. (p.227)
07. Quel est ce sentiment qui vous étreint quand vous quittez des gens en bagnole et que vous les voyez rapetisser dans la plaine jusqu'à, finalement, disparaître? C'est le monde trop vaste qui nous pèse et c'est l'adieu. Pourtant nous allons tête baissée au-devant d'une nouvelle et folle aventure sous le ciel. (p.241)
08. - Tout me rend triste. Oh, Bon Dieu, je voudrais que Dean ne soit pas si dingue. (p.252)
09. Je m'éveillai d'un profond sommeil (en Arizona) pour les voir tous endormis comme les agneaux et la bagnole arrêtée Dieu sait où - je ne pouvais rien voir à travers les vitres couvertes de buée. (p.254)
10. C'était triste de voir sa haute silhouette (Hingham, un écrivain) diminuer dans l'obscurité à mesure qu'on s'éloignait, exactement comme les autres silhouettes à New York et à la Nouvelle-Orléans: ils vacillent sous l'immensité étoilée et tout ce qu'ils sont est englouti. Où aller? Que faire? Dans quel but?... Dormir. Mais cette équipe de déments était bandée vers l'avenir.
11. Je regardais pas la fenêtre les clignotements du néon et je me demandais: Où est Dean et pourquoi ne s'occupe-t-il pas de nous (Marylou et lui)? J'ai perdu ma confiance en lui cette année-là. Je suis resté à San Francisco et j'y ai passé la plus sale période de ma vie. (p.264)
12. Je lui ai parlé du plus grand serpent du monde enroulé au centre de la terre (Sal raconte un rêve à Marylou). (...) Je lui dis que ce serpent c'était Satan. (...) Un saint, appelé docteur Sax le tuera (...) La faim et l'amertume me faisaient perdre les pédales. (p.265)
13. Je n'avais jamais vu de musiciens (de jazz) aussi loufoques. Tout le monde soufflait à Frisco. C'était le bout du continent; ils se foutaient de tout. Dean et moi, on se baguenauda de cette façon à San Francisco jusqu'à ce que j'aie reçu mon nouveau chèque de l'armée et que je fasse mon sac pour rentrer chez moi. (p.274)
14. À l'aube, j'ai pris mon car pour New York et dis adieu à Dean et à Marylou. (...) On pensait tous qu'on ne se reverrait plus jamais et on s'en foutait. (p.275)