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dimanche 31 mai 2009

Le cerveau du critique

Pour terminer le mois de mai -qui n'a pas rempli ses promesses- sur une note joyeuse, qui de mieux qu' Érick Satie. Pianiste, compositeur original, doté d'un humour fin, il a donné à ses pièces musicales des titres à l'avenant: Gymnopédies, Gnossiennes, Pièces froides, Embryons séchés, Trois morceaux en forme de poire... Et il écrivait... des textes plein d'humour et d'autodérision, plein d'ironie. Signalons son livre (introuvable), Mémoires d'un amnésique, et ses articles dans L'Oeil de veau, Revue encyclopédique à l'usage des gens d'esprit. C'est d'une drôlerie.... Vous rirez à vous en tenir les côtes... de veau!
Vu que l'un des objectifs de ce blogue est de présenter des critiques de livres, j'ai choisi un extrait d'un texte de Satie, à la sauce piquante. Qui ne vaut pas une risée... Ah! Pire encore!! Dur, dur, le (vrai) métier de (vrai) critique! Psitt! Il y en a des faux... plus tranchants que les autres, possiblement...
Mais, dans quelle partie du cerveau peut bien se loger ce magasin général du critique dont parle Satie? Je ne sais pas. Peut-être, arriverez -vous à découvrir sa «cachette»...*
«Le cerveau du critique est un magasin, un grand magasin. On y trouve de tout: Orthopédie, sciences, literie, arts, couvertures de voyage, grand choix de mobiliers, papiers à lettres français et étrangers, articles pour fumeurs, ganterie, parapluies, lainages, chapeaux, sports, cannes, optique, parfumerie, etc... Le critique sait tout, voit tout, dit tout, entend tout, touche à tout, remue tout, mange de tout, confond tout, et n'en pense pas moins. Quel homme!! Qu'on se le dise!!! Tous nos articles sont garantis!!! Pendant les chaleurs, la marchandise est à l'intérieur!!! Dans l'intérieur de critique!! Voyez!! Rendez-vous compte, mais ne touchez pas!!! C'est unique. Incroyable.
Le critique est aussi une vigie, une bouée, peut-on ajouter. Il signale les récifs qui bordent les côtes de l'Esprit Humain. Près de ces côtes, ces fausses côtes, le critique veille, superbe de clairvoyance. De loin, il a un peu l'air d'une borne, mais d'une borne sympathique, intelligente.
Comment parvient-il à cette haute situation, à cette situation de bouée, de borne?
Par son mérite, son mérite agricole et personnel. Je dis «Agricole» parce qu'il cultive l'amour du Juste et du Beau. Nous arrivons à un point délicat. Les critiques sont recrutés au choix, comme les produits dits de choix, extra-supérieurs, de première qualité.» Par qui? Par un directuer d'un journal, d'une revue, d'un comité de rédaction... Alouette! À la fin ce «Directeur est absorbé, résorbé par le critique. Il est rare que le Directeur en réchappe» Et vlan!!!

Sur ce, je vous invite à lire mes deux billets publiés sur Littéranaute, les 28 et 29 mai 2009, Brèves de Satie (1) et Brèves de Satie (2). Drôlatiques, à souhait!
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* Voir le cerveau à tous les niveaux sur: http://lecerveau.mcgill.ca/flash/index_d.html

mercredi 20 mai 2009

Mr B et Mr K

«Quand cette absurdité prendra-t-elle fin?, demande Mr Blank dans un accès de colère et un trop-plein de frustrations. Exaspéré, désespéré! «Elle ne prendra jamais fin.» Mr Blank vit dans un nulle-part, sans un-ailleurs, où l'horloge toujours-jamais rythme les jours, les heures, les minutes, les secondes.* Encerclé par des personnages qui lui intentent un «procès» qui ne prendra jamais fin, Mr Blank ne pourra échapper à son univers absurde.
On peut dégager une similitude entre le drame de Mr B et celui de Mr K dans Le procès de Franz Kafka. L'un et l'autre sont des riens, des inexistants, des vides juridiques. Ainsi, sans chef d'accusation, K est entraîné dans un tourbillon de procédures judiciaires sans rime ni raison.
Pour se rafraîchir la mémoire ou prendre contact avec cette oeuvre de Kafka, voici quelques suggestions.
D'abord, et avant tout, lire Le Procès. Disponible chez Gallimard, et dans d'autres librairies, 8,75$.
Voyez deux extraits vidéo en polonais, deux moments forts. Au-delà de la langue, on saisit bien le propos. Le jeu des acteurs est naturel et le ton est juste. On ressent l'émotion à fleur de peau de K. Le premier (le début du Procès) sur: http://www.youtube.com/watch?v=X_4Aj6hrmOA&NR=1; Le deuxième (K en prison, s'humiliant) sur: http://www.youtube.com/watch?v=6shSq9qSe0c
On ne saurait passer à côté de la réalisation magistrale d'Orson Wells:The Trial- l processo, 1962.On en trouve plusieurs extraits vidéo sur internet, dont le début :http://www.youtube.com/watch?v=HOnXCLcx6TM. Les hommes en manteau de cuir sont inquiétants et convoquent l'image de la gestapo. Atmosphère oppressante! De quoi vous glacer le sang!
Les adaptations théâtrales ne manquent pas: dramatique, fantastique, ubuesque. J'ai déniché, pour vous, une traduction-adaptation de Le Procès, par David Zane Mairovitch, consultable sur Google: http://books.google.ca/books?id=BNb-gy61vb8C&hl=fr. Alain Timar, le metteur en scène et scénographue écrit: «Ces contradictions, ces ambiguïtés, le monde paradoxal dans lequel évoluent Joseph K et ses acolytes nous immergent dans un univers d'un comique terrifiant, tragiquement burlesque. Mieux vaut donc en rire.» Alain Timar.
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* Un clin d'oeil à Paul Auster, et à Nathalie Sarraute.

samedi 16 mai 2009

Du côté de chez Balzac

Dans le scriptorium, les personnages intentent un «procès» à leur créateur, Mr Blank -à qui ils doivent la vie:quels ingrats! Je dirais, plutôt, un simulacre de procès: sans chefs d'accusation précis, sans citation à paraître, sans désignation d'un tribunal compétent, etc. Qui plus est, les témoins à charge accusent, interrogent, rendront leur verdict. Son avocat, embourbé dans ses dossiers, est, lui aussi, un témoin à charge. C'est le far west! Pas seulement dans le livre, dans l'actualité aussi....
Un pareil sac d'embrouilles et magouille et de grenouillage parodiant (et discrétitant) la justice se retrouvent chez Balzac, ce grand connaisseur de l'âme humaine. Dans Pierrette, on lit: «Ainsi l'épouvantable martyre exercé brutalement sur Pierrette par deux imbéciles tyrans, et qui, dans ses conséquences médicales, mettait monsieur Martener, approuvé par le docteur Bianchon, dans le cas d'ordonner la terrible opération du trépan; ce drame horrible, réduit aux proportions judiciaires, tombait dans le gâchis immonde qui s'appelle au Palais la forme. Ce procès traînait dans les délais, dans le lacis inextricable de la procédure, arrêté par les ambages d'un odieux avocat; tandis que Pierrette calomniée languissait et souffrait les plus épouvantables douleurs connues en médecine.»
(Note: Martener est médecin). Balzac termine son roman ainsi:« (...) en transportant la scène au moyen âge et à Rome sur ce vaste théâtre, une jeune fille sublime, Béatrix Cenci, fut conduite aux supplices par des raisons et par des intrigues presque analogues à celles qui menèrent Pierrette au tombeau. (...)»*
Ce recul dans le temps n'est pas rassurant. Avançons, alors. Si vous avez lu les deux derniers livres de Paul Auster Seul dans le noir et Dans le scriptorium, vous n'y trouverez pas matière à se réjouir -à moins d'avoir passé des pages!
*Source: Pierrette, p.658 et p.670, dans Balzac, La Comédie humaine, Scènes de la vie de province, tome 4, 1151 p.

mercredi 13 mai 2009

Auteur recherché!

Le romancier, par exemple Paul Auster, invente une histoire, et nous la raconte dans un livre. On lit ses mots, ses phrases, ses paragraphes, ses pages, son livre. On imagine, à partir de ce matériau, l'histoire de l'histoire racontée par l'auteur. Dans le scriptorium, comment voyez-vous Mr Blank et ses visiteurs, la chambre où il est confiné? Ainsi chacun fait son vidéo ou son film, en noir et blanc ou en couleur.
Pour ma part, l'unité de temps, de lieu, d'action: un jour, une chambre (sans vue sur l'extérieur), un «procès», ainsi que les visiteurs qui entrent et sortent de la chambre, un à la fois, ces éléments me ramenaient, sans cesse, à imaginer une pièce de théâtre. Ni une vidéo ni un film, mais une pièce de théâtre. Cette idée m'a turlupinée quelques jours, jusqu'à ce que je trouve un lien de parenté avec Six personnages en quête d'auteur de Luigi Pirandello. Voyons ça d'un peu plus près!
Dans la pièce de Pirandello, Six étranges personnages surgissent sur une scène où se déroule la répétition d'une comédie. Une étrange famille: le père et la bru, personnages principaux; la mère et le fils, personnages secondaires; un garçonnet et une fillette, présents et muets. Chassés par l'auteur qui les a créés, les personnages veulent vivre sur scène leur propre drame. Il demande donc au metteur en scène de rédiger un synopsis. Celui-ci se fait tirer l'oreille, mais finit pas accepter. Estimant que les acteurs jouent faux, ils revivront, eux-mêmes, le drame familial déclenché par le viol du père de sa bru. Il s'ensuivra une foire s'empoigne entre personnages et acteurs au sujet de la fiction, la réalité, de la véracité. Une véritable, et troublante, mise en abîme.
Dans le livre de Paul Auster, ce sont les personnages (pupilles ) créés par l'auteur, abandonnés par lui, qui se sont détachés de lui. Ils l'ont séquestré et lui demande de rendre compte du sort qu'il leur a fait subir (leur mission) dans ses romans. Aucun n'est satisfait de sa vie, tous se plaignent de lui. Tous veulent continuer à vivre. Ils ont donc besoin de leur auteur, mais, à présent, ce sont eux qui le contrôlent... le tiennent à leur merci.
«Sans lui, nous ne sommes rien, et le paradoxe, c'est que nous, les chimères du cerveau d'un autre, nous survivrons au cerveau qui nous a fabriqués, car une fois lancés dans le monde, nous continuons à exister jamais et on continue à raconter nos histoires, même après notre mort. (...) il ne peut ni mourir, ni disparaître, ni jamais être autre chose que les mots que j'écris sur cette page.» (extrait tiré des pages 144 et 145).
Une mise en abime, une oeuvre complexe, tout comme la pièce de Pirandello. J'y vois un lien de parenté...
Sait-on jamais, peut-être qu'un jour, un cinéaste ou un metteur en scène, passant par là, sortira les personnages de Paul Auster de leur lieu restreint pour les faire vivre ou revivre leur drame intérieur.
AVIS. Auteur chevronné recherché pour film ou pièce de théâtre. Veuillez prendre rendez-vous avant de vous présenter Dans le scriptorium avec votre curriculum vitae. Merci d'avance! Daniel Quinn.

vendredi 8 mai 2009

Extrait de Dans le scriptorium

L'extrait choisi donne le ton du livre. C'est le la du procès de Kafka!
«(...) le visiteur regarde Mr Blank et lui demande: Savez-vous qui je suis?
- Je ne suis pas certain, répond le vieil homme. Pas Fogg, en tout cas. Mais il ne fait aucun doute que je vous ai déjà rencontré - plusieurs fois, je crois.
- Je suis votre avocat.
- Mon avocat. C'est bien ça. Très bien.J'espérais vous voir aujourd'hui. Nous avons beaucoup de choses à discuter.
- Oui, dit l'homme à la chemise noire, en tapotant le paquet de fiches et de dossiers posé sur ses genoux. Beaucoup à discuter. Mais avant que nous nous y mettions, je voudrais que vous me regardiez bien et que vous tâchiez de vous rappeler mon nom.
Mr Blank observe avec attention le visage mince et anguleux de l'homme. Il plonge le regard dans ses grands yeux gris, il étudie sa mâchoire, son front et sa bouche et pourtant, à la fin, il ne peut que secouer la tête en poussant un soupir déconfit.
- Je suis Quinn, Mr Blank, dit l'homme. Daniel Quinn, votre premier chargé de mission.
Mr Blank pousse un gémissement, il est accablé de honte, embarassé à tel point qu'une part de lui, la part la plus profonde voudrait se traîner dans un trou pour y mourir. Je vous prie, pardonnez-moi, dit-il. Mon cher Quinn - mon frère, mon camarade, mon ami fidèle. Ce sont ces saletés de comprimés qu'on me fait avaler. Ils m'ont bousillé la cervelle, et je ne sais même plus si je vais ou si je viens.
- Vous m'avez chargé de missions plus que n'importe quel autre, rappelle Quinn.
(...)
- Il faut que vous me fassiez sortir d'ici. Je crois que je ne peux plus y tenir.
- Ce ne sera pas facile. Le nombre de plaintes déposées contre vous est si grand que je me noie dans la paperasse. Vous devrez être patient. J'aimerais pouvoir vous donner une réponse, mais je n'ai aucune idée du temps que cela prendra de trier tout cela.
- Des plaintes? Quel genre de plaintes?
- La gamme complète, j'en ai peur. D'indifférence criminelle à molestation sexuelle. De conspiration dans un but frauduleux à homicide par imprudence. De diffamation à assassinat avec préméditation. Je continue?
- Mais je suis innocent. Je n'ai jamais rien fait de tout ça.
- C'est là une opinion contestable. Tout dépend du point de vue.
- Et qu'est-ce qui se passe si nous perdons?
- La question de la nature du châtiment est encore ouverte (...)
Extraits tirés des pages 134 et 136. Collection Babel, Éditions Actes Sud.

jeudi 7 mai 2009

Qui êtes-vous... Paul Auster? (3)

Je vous invite à lire l'entretien de Françcois Busnel avec Paul Auster paru dans le Magazine Lire sur L'Express. Je vous en cite le début, et vous donne l'adresse internet pour poursuivre votre lecture.
Paul Auster, un écrivain, un homme de son temps.
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«Le 3 février, Paul Auster fêtera son soixantième anniversaire. Mais surtout ses vingt ans de succès mondial! Car depuis la publication en France de Cité de verre, en 1987, chacun de ses livres est un triomphe. Patiemment, Paul Auster a construit une œuvre unique en son genre, subtil mélange de roman philosophique et de road movie, où des personnages fracassés par le destin entrent pourtant en lutte contre la résignation et le mouvement du monde. Son nouveau roman, Dans le scriptorium, est un éblouissant tour de passe-passe littéraire. C'est aussi la clé de toute l'œuvre austérienne: l'histoire de ce vieillard incarcéré dans une chambre et tentant de reconstituer le puzzle d'un passé oublié n'est-elle pas la métaphore de l'artiste face à ses créatures? Comme toujours, Paul Auster mêle interrogations métaphysiques et récit d'histoires étranges. Mais ici les personnages sont bien connus des lecteurs de Paul Auster: ce sont ceux de ses précédents romans, Anna Blume, Quinn, Fanshawe, Benjamin Sachs et David Zimmer en tête.
Park Slope est un quartier élégant et mélancolique. C'est sur cette colline de Brooklyn que vit Paul Auster, à deux pas de la 7e Avenue immortalisée au cinéma dans Smoke et Brooklyn Boogie - sans doute le seul quartier de New York qui n'ait pas changé depuis le 11 septembre 2001. En ce moment, il n'écrit pas. «Pas encore...» corrigerait-il. Auster, qui achève le montage de son prochain film, The Inner Life of Martin Frost, a refusé de faire la moindre promotion pour Dans le scriptorium. Il préfère les longues promenades dans Prospect Park, tout proche, ou sur les avenues bruyantes de la ville. Le solitaire de Brooklyn n'a pas pris une ride. Son style non plus. F.B. Dans quelques jours, vous aurez 60 ans. Ça va?
Paul Auster. J'essaie de me rentrer mon âge dans le crâne. Pas facile! Je ne me sens pas si vieux que ça. Mais, depuis quelque temps, peut-être pour me préparer à cette date symbolique, je repense à ma vie. Inévitablement, j'examine mon passé de façon différente,(...)
Lire la suite sur: http://www.lire.fr/entretien.asp/idC=50949/idTC=4/idR=201/idG=4

lundi 4 mai 2009

Dans le scriptorium

Dans le scriptorium
Paul Auster
Éditions Actes Sud, 160 pages.
«Le vieil homme est assis au bord du lit étroit: les mains à plat sur ses genoux, la tête basse. Il contemple le plancher. Il ignore qu'un appareil photographique est installé dans le plafond juste au-dessus de lui. (...)
Qui est-il? Que fait-il là? Quand est-il arrivé là et jusqu'à quand y restera-t-il? Avec un peu de chance, le temps nous dira tout. Pour l'instant, notre tâche consiste à examiner les photographies aussi attentivement que possible en nous gardant d'en tirer des conclusion prématurées.»
Cet homme se nomme Mr Blank. Il passe une journée, enfermé dans une chambre, sans voir à l'extérieur, le store est baissé et la fenêtre est bouchée. Est-il prisonnier? Anna et Sophie prennent soin de lui et lui administrent des médicaments. Il reçoit des coups de fil, et des hommes, Flood, Zimmer, Stillman et d'autres, qu'il serait supposé connaître, lui rendent visite. Il aurait confié à tous des missions périlleuses, et ils en souffrent. Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il a la mémoire qui flanche...
Les conversations, d'ailleurs, sont pleines d'ambiguïtés et de sous-entendus ou malentendus. Mais qu'est-ce qu'on lui reproche au juste? De quoi est-il accusé? Est-il condamné à mort? Va-t-on l'assassiner? Il ne le sait pas, il ne comprend pas, il ne se souvient pas, il cherche... dans le vide. Aussi éprouve-t-il un profond sentiment de culpabilité et d'anxiété qui sème en lui un désarroi, le désoriente. Il lit des rapports, il invente même une suite à l'un d'eux écrit par un certain Fanshawe, écrivain. Comme on l'autorise à écrire, il note le nom de ses visiteurs. Quand et comment cela finira-t-il? Il se le demande, et nous aussi... Il n'est pas surprenant qu'il ait l'esprit encombré, hanté même....
Roman étrange que celui-ci! On finit par se poser les mêmes questions que Mr Blank. Pour incarner ce personnage éthéré -paradoxalement lourd et écrasé- Paul Auster décrit, avec précision, ce qui touche son corps: le contact physique avec Anna et Sophie, ses érections, etc. Mr Blank acquiert ainsi une existence corporelle, sans qu'il ne soit décrit davantage. Au dehors, il y a eu et il y a la guerre menée par un pays qui est le double des États-Unis d'Amérique.
Ce roman, qui détonne dans le paysage littéraire, est troublant, et sa lecture est exigeante. L'auteur le boucle d'une façon magistrale! Dans le scriptorium arrive à nous séduire et -ce n'est pas négligeable...- à nous faire réfléchir sur le roman et le romancier ainsi que sur l'état du monde.
Bref, il nous interpelle! À nous de le lire et le relire... Chez moi, il ira rejoindre son frère presque-jumeau, Seul dans le noir, sur un rayon de ma bibliothèque. Plus jamais sous une pile de livres.
Disponible chez Gallimard, et dans d'autres librairies, Collection Babel, Actes Sud, 11,50$