Paul Auster
Éditions Actes Sud, 160 pages.
«Le vieil homme est assis au bord du lit étroit: les mains à plat sur ses genoux, la tête basse. Il contemple le plancher. Il ignore qu'un appareil photographique est installé dans le plafond juste au-dessus de lui. (...)
Qui est-il? Que fait-il là? Quand est-il arrivé là et jusqu'à quand y restera-t-il? Avec un peu de chance, le temps nous dira tout. Pour l'instant, notre tâche consiste à examiner les photographies aussi attentivement que possible en nous gardant d'en tirer des conclusion prématurées.»
Cet homme se nomme Mr Blank. Il passe une journée, enfermé dans une chambre, sans voir à l'extérieur, le store est baissé et la fenêtre est bouchée. Est-il prisonnier? Anna et Sophie prennent soin de lui et lui administrent des médicaments. Il reçoit des coups de fil, et des hommes, Flood, Zimmer, Stillman et d'autres, qu'il serait supposé connaître, lui rendent visite. Il aurait confié à tous des missions périlleuses, et ils en souffrent. Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il a la mémoire qui flanche...
Les conversations, d'ailleurs, sont pleines d'ambiguïtés et de sous-entendus ou malentendus. Mais qu'est-ce qu'on lui reproche au juste? De quoi est-il accusé? Est-il condamné à mort? Va-t-on l'assassiner? Il ne le sait pas, il ne comprend pas, il ne se souvient pas, il cherche... dans le vide. Aussi éprouve-t-il un profond sentiment de culpabilité et d'anxiété qui sème en lui un désarroi, le désoriente. Il lit des rapports, il invente même une suite à l'un d'eux écrit par un certain Fanshawe, écrivain. Comme on l'autorise à écrire, il note le nom de ses visiteurs. Quand et comment cela finira-t-il? Il se le demande, et nous aussi... Il n'est pas surprenant qu'il ait l'esprit encombré, hanté même....
Roman étrange que celui-ci! On finit par se poser les mêmes questions que Mr Blank. Pour incarner ce personnage éthéré -paradoxalement lourd et écrasé- Paul Auster décrit, avec précision, ce qui touche son corps: le contact physique avec Anna et Sophie, ses érections, etc. Mr Blank acquiert ainsi une existence corporelle, sans qu'il ne soit décrit davantage. Au dehors, il y a eu et il y a la guerre menée par un pays qui est le double des États-Unis d'Amérique.
Ce roman, qui détonne dans le paysage littéraire, est troublant, et sa lecture est exigeante. L'auteur le boucle d'une façon magistrale! Dans le scriptorium arrive à nous séduire et -ce n'est pas négligeable...- à nous faire réfléchir sur le roman et le romancier ainsi que sur l'état du monde.
Bref, il nous interpelle! À nous de le lire et le relire... Chez moi, il ira rejoindre son frère presque-jumeau, Seul dans le noir, sur un rayon de ma bibliothèque. Plus jamais sous une pile de livres.
Disponible chez Gallimard, et dans d'autres librairies, Collection Babel, Actes Sud, 11,50$
Qui est-il? Que fait-il là? Quand est-il arrivé là et jusqu'à quand y restera-t-il? Avec un peu de chance, le temps nous dira tout. Pour l'instant, notre tâche consiste à examiner les photographies aussi attentivement que possible en nous gardant d'en tirer des conclusion prématurées.»
Cet homme se nomme Mr Blank. Il passe une journée, enfermé dans une chambre, sans voir à l'extérieur, le store est baissé et la fenêtre est bouchée. Est-il prisonnier? Anna et Sophie prennent soin de lui et lui administrent des médicaments. Il reçoit des coups de fil, et des hommes, Flood, Zimmer, Stillman et d'autres, qu'il serait supposé connaître, lui rendent visite. Il aurait confié à tous des missions périlleuses, et ils en souffrent. Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il a la mémoire qui flanche...
Les conversations, d'ailleurs, sont pleines d'ambiguïtés et de sous-entendus ou malentendus. Mais qu'est-ce qu'on lui reproche au juste? De quoi est-il accusé? Est-il condamné à mort? Va-t-on l'assassiner? Il ne le sait pas, il ne comprend pas, il ne se souvient pas, il cherche... dans le vide. Aussi éprouve-t-il un profond sentiment de culpabilité et d'anxiété qui sème en lui un désarroi, le désoriente. Il lit des rapports, il invente même une suite à l'un d'eux écrit par un certain Fanshawe, écrivain. Comme on l'autorise à écrire, il note le nom de ses visiteurs. Quand et comment cela finira-t-il? Il se le demande, et nous aussi... Il n'est pas surprenant qu'il ait l'esprit encombré, hanté même....
Roman étrange que celui-ci! On finit par se poser les mêmes questions que Mr Blank. Pour incarner ce personnage éthéré -paradoxalement lourd et écrasé- Paul Auster décrit, avec précision, ce qui touche son corps: le contact physique avec Anna et Sophie, ses érections, etc. Mr Blank acquiert ainsi une existence corporelle, sans qu'il ne soit décrit davantage. Au dehors, il y a eu et il y a la guerre menée par un pays qui est le double des États-Unis d'Amérique.
Ce roman, qui détonne dans le paysage littéraire, est troublant, et sa lecture est exigeante. L'auteur le boucle d'une façon magistrale! Dans le scriptorium arrive à nous séduire et -ce n'est pas négligeable...- à nous faire réfléchir sur le roman et le romancier ainsi que sur l'état du monde.
Bref, il nous interpelle! À nous de le lire et le relire... Chez moi, il ira rejoindre son frère presque-jumeau, Seul dans le noir, sur un rayon de ma bibliothèque. Plus jamais sous une pile de livres.
Disponible chez Gallimard, et dans d'autres librairies, Collection Babel, Actes Sud, 11,50$
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