Effroyables Jardins
Michel Quint, Éditions Gallimard (collection Folio), 2004, 63 pages
«De fait, je le sais aujourd'hui, il méritait la distinction, la légion d'honneur de la reconnaissance, et ceux qui croisaient au trottoir son regard doux auraient dû se découvrir.Parce que lui, il a passé sa vie à rendre hommage, à payer sa dette d'humanité, le plus dignement qu'il croyait.» écrit l'auteur en parlant de son père, à la page 18.
Une fois ses parents en allés, le narrateur-auteur ressasse ses souvenirs et raconte son histoire. Tout jeune enfant, il détestait déjà les augustes, qui le remplissaient de tristesse, sans qu'il ne sache pourquoi. Alors, imaginez quand il verra son père, instituteur, se déguiser en clown… et donner des spectacles. Un mauvais clown, ridicule, qui ne rate pas une occasion. Comme si ce n'était pas assez, toute la famille assiste à ses prestations, et s'y rend dans une vieille bagnole jaune canari! Comme si ce n'était pas encore assez, tous les congés y passent. Il aurait voulu se voir ailleurs: on le comprend! Aussi, l'enfant a honte de son père et de sa famille ainsi que de l'oncle Gaston et sa Nicole, de drôles de pistolets! Une famille pas comme les autres! Mais, sa honte se changera en admiration affectueuse lorsque Gaston lui dévoilera le secret familial. À vous de le découvrir… et d'entrer dans ces effroyables jardins!
Ce récit, aussi percutant que bref, se lit d'une seule venue. Il semble, d'ailleurs, avoir été écrit d'un seul souffle. On a l'impression d'être en présence même du narrateur-auteur qui nous fait des confidences à demi-voix. Il nous raconte son enfance teintée de tristesse –à cause des augustes et de son père-clown– ainsi que des anecdotes familiales, parfois loufoques. Des vies, des «petites vies», qui sont, pourtant, en résonance avec des faits d'armes de résistants anonymes (contrairement à Max) qui, multipliés, ont contribué à la libération de la France sous l'occupation. Un récit, simple et sincère, émouvant –sans être larmoyant. Des dialogues d'une justesse sans faille. Une écriture limpide, imagée. En somme, un roman qui saura vous émouvoir, vous faire (mieux) connaître ce que l'Histoire doit à la petite histoire de gens «ordinaires». Un roman qui vous restera en mémoire. Et le tout livré dans une soixantaine de pages.
// Note. L'introduction vous laissera, peut-être, dubitatif. Poursuivez votre lecture: la fin du roman viendra éclairer le début, quitte à y revenir. Le jeu en vaut la chandelle, je vous l'assure! Disponible chez Gallimard Montréal, 9,95$ et dans d'autres librairies. http://www.gallimardmontreal.com/books/search?key=effroyables+jardins
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