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jeudi 21 janvier 2010

Critique - Résumé - Table des matières - Mon témoignage de Jan Karski - 2004

Comme convenu, en complément à mon billet paru sur Littéranaute «Mémoires de Jan Karski Vs Jan Karski de Yannick Haenel. Une polémique en vue», je vous donne à lire, en premier lieu, une critique éclairée de Stéphane Courtois, publiée en 2o05 sur arkheia-revue.org, portant sur le livre de Jan Karki «Mon témoignage devant le monde. Histoire d'un État secret», la réédition de 2004. Suivront la présentation du livre par les Éditions du Point de Mire, et la table des matières de cette même réédition. De quoi se faire une idée en attendant... Nous reviendrons sur ce matériau au moment de la parution du livre, en édition 2010.

D'ici là gardons à l'esprit ce vers de Paul Celan: «Nul ne témoigne pour le témoin»

Stéphane Courtois écrit:
«Le mois de janvier 2005 a été consacré, en France et dans le monde, à la commémoration du soixantième anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz. Radio, télévisions, journaux y ont consacré une place importante, et pourtant pratiquement pas un n’a évoqué le souvenir d’un homme qui fut le premier à porter témoignage, Jan Karski. Les éditions Point de mire ont eu l’excellente idée de republier ce livre, édité en 1948 en France et devenu introuvable, précédé d’une utile présentation et suivi de notes copieuses, préparées par Céline Gervais et Jean-Louis Panné.
Le témoignage de Jan Karski – de son vrai nom Jan Kozielewski – est celui d’un jeune lieutenant polonais happé par la Deuxième Guerre mondiale. Entraîné vers l’est par la débâcle polonaise de septembre 1939, Karski est d’abord fait prisonnier par l’Armée rouge qui, à la suite du pacte du 23 août 1939 entre Hitler et Staline – qualifié par antiphrase de «pacte de non agression» – a envahi la Pologne le 1er septembre 1939.

A peine évadé, il rejoint Varsovie et entre dans la résistance qui est déjà en train de créer un véritable «Etat secret«. En toute clandestinité, celui-ci va fonctionner comme un Etat, avec son gouvernement – ses ministères –, son armée, ses partis politiques qui organisent clandestinement la vie de toute la société et interdisent, dans la mesure du possible, toute collusion avec l’occupant nazi.
Dès la fin janvier 1940, Karski est envoyé en mission clandestine en France où réside le gouvernement polonais en exil et ou se reconstitue une armée polonaise. Rentré en Pologne en avril 1940, porteur d’instructions capitales, il est chargé d’une nouvelle mission en France fin mai. Moins chanceux cette fois-ci, Karski est arrêté par la Gestapo, mais parvient à détruire en partie les microfilms qu’il portait sur lui. Sauvagement torturé, il tente de se suicider et se retrouve sous bonne garde dans un hôpital d’où la Résistance le fait évader. Après un temps de convalescence, il reprend le combat au poste de responsable de la presse clandestine.

A l’automne 1942, la direction de la Résistance polonaise décide de l’envoyer à nouveau en mission clandestine à l’ouest, cette fois-ci en Angleterre. Mais, avant son départ, il est chargé de rencontrer deux des principaux responsables de la communauté juive, un sioniste et un dirigeant du Bund, le parti socialiste juif. Ceux-ci, lors d’une terrible séance, lui révèlent le sort qui est réservé en secret depuis des semaines aux Juifs transférés dans les premiers camps d’extermination, dont près de 300 000 Juifs du ghetto de Varsovie.
Deux jours plus tard, guidé par le leader du Bund, Karski pénètre clandestinement dans le ghetto, ce qui était formellement interdit et passible de la peine de mort. Violemment secoué par ce qu’il a vu pendant des heures, il décide néanmoins de retourner dans le ghetto, quelques jours plus tard, afin de mieux s’imprégner de la terrible tragédie qui s’y déroule quotidiennement.

De plus en plus sensibilisé, Karski accepte, la semaine suivante, de pénétrer dans un camp appartenant au processus d’extermination, le camp d’Izbica Lubelska, où les Juifs sont regroupés en provenance de différents ghettos et dépouillés de leurs maigres biens. Une minorité d’entre eux sont assassinés sur place tandis que la majorité est réexpédiée en train au camp de Belzec, l’un des cinq camps d’extermination majeurs – avec Chelmno, Sobibor, Treblinka et Auschwitz-Birkenau. Revêtu de l’uniforme d’un garde ukrainien qui a été soudoyé, Jan Karski passe une journée entière dans le camp et assiste au «chargement» des Juifs dans un train de 46 wagons. Il restera terriblement choqué par la vision dantesque de cette journée.

Ayant réussi – via Berlin, Bruxelles, Paris et Barcelone – à rejoindre Londres, il fait son rapport au premier ministre du gouvernement en exil, le général Sikorski, au président de la république, Wladislaw Raczkiewicz, et au ministre britannique des Affaires étrangères, Antony Eden. Il rencontre une foule de responsables politiques. Le 2 décembre 1942, il reçoit Szmuel Zygielbojm, le leader du Bund réfugié à Londres et membre du Conseil national polonais, à qui il rend exactement compte du sort réservé aux Juifs par les nazis en Pologne. Le 12 mai 1943, alors que l’insurrection du ghetto de Varsovie sera en voie de succomber à la terreur nazie, Zygielbojm se suicidera, laissant un message où il reproche aux gouvernements alliés de ne rien avoir entrepris de concret pour sauver les Juifs.

Enfin, en juillet 1943, Karski est envoyé aux Etats-Unis par le gouvernement polonais de Londres et a le privilège, le 28 juillet, d’être reçu pendant une heure un quart par le président Franklin Roosevelt à qui il livre un rapport sur la résistance polonaise en général et à qui il détaille, en tant que témoin oculaire, le sort des Juifs. On l’aura compris à ce rapide aperçu sur un livre d’une grande richesse, le témoignage de Jan Karski, soixante ans après, demeure une référence fondamentale pour quiconque s’interroge sur la puissance du Mal dans l’Histoire et sur courage que certains hommes ont déployé pour le combattre.» [C'est moi qui souligne le passage].

On ne saurait mieux dire, je schématise:
La puissance du Mal dans l’Histoire. Le courage des hommes pour le combattre.

Source de l'article: http://www.arkheia-revue.org/Mon-temoignage-devant-le-monde-de.html?artsuite=0#gros_titre
Le livre: «Mon témoignage devant le monde de Jan Karski, Histoire d’un Etat secret», Editions du Point de Mire, 2004, 640 p.

Il est à noter que le livre contient une présentation et des notes de Céline Gervais et Jean-Louis Panné, indispensables à la compréhension du texte.

(( ))

Voici, maintenant, les textes puisés chez les Éditions Point de Mire, 2004.

La quatrième de couverture
«Courrier de l'Armia Krajowa (L'Armée de l'Intérieur) de la résistance polonaise, Jan Karski (1914-2000) risque sa vie pour transmettre en novembre 1942 au gouvernement polonais en exil à Londres dirigé par le général Sikorski et aux organisations juives les informations les plus fiables sur l'extermination des Juifs sur le territoire de la Pologne occupée par les nazis. Ce Juste parmi les Nations plaide auprès des plus hautes autorités britanniques et américaines - il rencontre Franklin D. Roosevelt - en faveur d'une action destinée à arrêter la Shoah. En vain. Son "Témoignage devant le monde ", publié aux États-Unis à l'automne 1944, constitue également un passionnant récit de la vie des clandestins de la résistance nationale polonaise. Jan Karski décrit les caractères originaux de cette résistance tant civile que militaire, structurée en un véritable " État clandestin "avec son Parlement qui élabora un programme démocratique pour une Pologne indépendante. Cette nouvelle édition révisée du livre de Jan Karski rend hommage à cet "homme qui tenta d'arrêter l'Holocauste".»


Table des matières -qui donne une bonne idée du contenu du livre
* Tombeau pour Jan Karski
* Avertissement
* La défaite
* Prisonnier en Russie
* Echange et évasion
* La Pologne dévastée
* Le commencement
* Transformation
* Initiation
* Borzecki
* Lwów
* Mission en France
* L'Etat clandestin
* La chute
* Torturé par la Gestapo
* A l'hôpital
* Mon sauvetage
* "L'agronome"
* Dwór, convalescence et propagande
* Sentence et exécution
* L'État secret (II) – structures
* Cracovie - l'appartement de Madame L
* Une mission à Lublin
* La guerre de l'ombre
* La presse clandestine
* L'"appareil" du conspirateur
* Femmes agents de liaison
* Un mariage par procuration
* L'école clandestine
* Une séance du parlement clandestin
* Le ghetto
* Dernière étape
* Retour " Unter den Linden "
* Vers Londres
* Mon témoignage devant le monde

À méditer
La puissance du Mal dans l’Histoire. Le courage des hommes pour le combattre.

[Stéphane Courtois]
Bonne lecture!